Voici quelques extraits , pour vous mettre l’eau à la bouche ….
La Crapaudine
Crapaudine est une excentrique qui vit dans une vieille maison prétendument habitée par le diable ; ancienne comédienne et costumière, Crapaudine est devenue une mamie gâteau et une confidente pour les enfants et adolescents du village. Les adultes, pour leur part, voient en elle une sorcière… D'ailleurs, Crapaudine cache un lourd secret qui sera révélé à la fin de l’histoire… ce qui lui apportera finalement le soulagement
Dans la cour pavée, les ravenelles dorées perçaient par toutes les fissures, les capucines partaient à l’assaut des volets bleus et les soucis se ressemaient à chaque coup de vent. C’était une courette pleine de lumière.
Pour entrer,il fallait passer par-derrière, la porte n’était jamais fermée, voire grande ouverte, les amis le savaient bien !
Dans la pièce principale qui faisait office d’entrée, de salon, de salle à manger, des tas d’objets semblaient posés, épars ; mais peu à peu on s’apercevait qu’ils avaient leur place en fonction des activités journalières de « Crapaudine », c’est comme ça que les gens du village l’avaient surnommée.
A suivre
Eulalie
(Le grand voyage)
Eulalie est une vieille dame qui se prépare pour son dernier voyage. C’est une vieille dame qui n’a pas peur de la mort, qui la regarde venir avec sérénité et qui prépare un cadeau à sa famille avant de partir.
Me voici au bord de la mer,
À mes côtés, une barque déplie ses blanches voiles
À la brise du matin et part vers l’azur de l’océan.
C’est une barque douce et je la surveille jusqu’au moment où la mer et le ciel se donnent rendez-vous,
À côté de moi, quelqu’un me dit :
« Tiens, elle a disparu ».
Disparu où ?
Disparu de ma vue, voilà tout.
Elle est toujours aussi haute de mât, aussi large de carlingue qu’au moment où elle était à mes côtés,
toujours aussi capable de porter
sa cargaison vivante à destination.
Sa disparition est en moi, et non en elle.
Et juste au moment où quelqu’un dit à mes côtés : « Tiens, elle a disparu »,
D’autres yeux sur l’autre rive la voient venir
Et d’autres voix s’apprêtent à crier :
« Tiens la voici »…
Et c’est cela que l’on appelle mourir
Le jour se levait à peine et comme chaque matin, le défilé des ombres se mettait en marche sur le lac endormi. La brume tournait vaporeuse, les entraînant peu à peu vers les bois noirs, au fond, là-bas, sur l’autre rive, entre les grands peupliers qui frissonnaient à leur passage les carpes faisaient des bulles, mais rien ne semblait les distraire. Les deux grosses souches crocodiles supportaient sans broncher leurs frôlements aériens. Eulalie ne dormait pas, elle aimait ce moment de l’aube qui lui appartenait. Collée au carreau cassé dans l’escalier, assise sur la cinquième marche, emmitouflée dans sa couette, elle les reconnaissait. En passant, ils lui tiraient la révérence pour la saluer : la tante Élodie avec son chapeau à plume, Ernest le jardinier qui avait gardé ses bottes, Berthe toute raide dans son tablier neuf et le petit Guillaume avec son pied bot qui ne boitait plus, et tant d’autres qu’elle avait vu partir.
Souvenirs d’enfance
Mes parents étaient dans le commerce ambulant et faisaient des « tournées » avec leur camion. Ils achetaient au marché beurre et œufs qu’ils revendaient ensuite dans les petites épiceries, ainsi que le beurre et le fromage achetés en gros à la laiterie. Maman, n’étant pratiquement jamais là, une grand-tante s’installait chez nous du lundi au vendredi, c’était Tantine. Elle tenait la maison et soignait aussi ma grand-mère paternelle : Juju (invalide).
Mon autre grand-mère, maternelle : Berthe était une maîtresse femme, qui nous impressionnait beaucoup.
Pendant les grandes vacances, nous nous retrouvions chez Tantine à la campagne, elle était d’un autre temps et parlait en patois ;
nous étions ses petits... j’en garde un souvenir très tendre dans mon cœur.
Les pommes cuites
En rangeant les étagères dans le tout haut du grand buffet, j’ai retrouvé le plat bleu émaillé avec ses taches de peinture blanches ?.. Les pommes cuites de Tantine !
Sur le grand fourneau, au fond à droite, elles restaient là, dès la sortie du four. La douce chaleur de la fonte réduisait alors pendant longtemps le jus des pommes au fond du plat.
Elles devenaient toutes rabougries, brunes et quelquefois même, de la cendre tombait de la plaque en tôle qui obstruait la cheminée ;
Mais ce qui nous importait, c’était le fond du plat : un caramel élastique, parfumé que nous découpions autour des pommes.
Son goût était indescriptible et il disparaissait rapidement au fur et à mesure de nos allées et venues dans la cuisine.
Quelquefois même, nous soulevions les pommes pour manger celui qui était en dessous : quel régal !
Lorsque le plat arrivait sur la table pour le dessert : oh ! Surprise, les pommes étaient toutes sèches… alors, Tantine avait, en nous regardant, un sourire tendre, qui nous autorisait à recommencer.
La confiture
Elle était pratiquement sourde, mais son sourire, ses gestes doux faisaient qu’on n’avait pas besoin de mots : elle savait, comprenait et cédait à nos caprices :
Sa confiture de rhubarbe était pleine de pruneaux que nous mangions en premier, plongeant les doigts dans le pot pour les attraper.
Un pot disparaissait à chaque goûter.
On aimait bien aussi lécher le papier sulfurisé, sous l’élastique : il était trempé dans le calva, pour conserver la confiture…
Un pot disparaissait à chaque goûter.
On aimait bien aussi lécher le papier sulfurisé, sous l’élastique : il était trempé dans le calva, pour conserver la confiture…
Dame Belette
Dame belette est dépitée : son petit ami italien l’a quittée et est parti avec tout son argent ! Pour renflouer son compte en banque, elle décide d’accueillir chez elle un blaireau. Mais la cohabitation ne se passe pas comme prévu…
Dame belette n’en revenait pas : son fabuleux amant italien, le bel Antonio, était parti avec une autre, sans crier gare. Il avait aussi vidé le compte en banque et laissé le terrier propre comme un sou neuf ! Rien, il ne lui restait rien ! Ses copines se moquèrent d’elle : à son âge, un amant si jeune si beau et italien de plus, ça ne pouvait pas durer. Elle avait eu recours à la chirurgie esthétique… plusieurs fois : le museau, la queue, le ventre, pour lui plaire encore et y avait laissé une fortune. Lorsqu’elle était amoureuse, elle pouvait dépenser sans compter, elle aimait se promener avec des jeunes gens, rendre ses copines jalouses, mais Dame belette était beaucoup dans le paraître, et les rides arrivant, elle supportait plus son miroir, certains matins. Ses rendez-vous câlins étaient dans la journée, lorsqu’elle avait eu le temps de se pouponner ; elle ne restait jamais une nuit entière avec ses amants : elle n’aurait pas aimé qu’il la trouve décoiffée au petit matin. Elle passait beaucoup de temps dans les instituts de beauté, aimait le luxe, les parfums et les vêtements de marque, C’était une mondaine, tenant à sa réputation, sensible au qu'en-dira-t-on, assez hautaine, n’ayant pas eu le temps de trouver de vraies valeurs à sa vie superficielle, dans la séduction, et souvent seule.
Rosette
Rosette est une laissée pour compte de la vie, qui ne prend ni soin d’elle, ni de son appartement. Son enfance difficile, a fait d’elle, à 36 ans, une épave qui en paraît 55.
Un jour, elle rencontre Angel, le technicien venu réparer l’ascenseur de l’immeuble. Il y a comme une magie chez Angel qui transporte Rosette et transforme sa vie d’un seul coup…
Rosette rentrait du marché, les bras chargés, encombrés d’une cagette regorgeant de fruits et légumes blettes, ramassés derrière les étals.
L’ascenseur était de nouveau en panne… elle pesta, donna un coup de pied dans la porte, en passant ; Les tomates s’écrasèrent au sol, rosette marcha dessus pour accentuer les dégâts.
« SDF » disaient-ils, mais non, puisqu’elle habitait un appartement au quatrième du boulevard Pic pus. Elle était devenue un peu marginale, voilà tout. Rosette s’était laissé aller doucement, doucement envahir ; son espace s’était rétréci, et peu à peu, c’était devenu presque confortable : un trou, un nid, dans lequel elle se lovait. Plus besoin de faire le ménage ; et puis maintenant, trouver le balai, atteindre l’aspirateur, relevait de l’exploration, alors !...
Le coin qu’elle préférait, c’était près du radiateur qui gouttait, dans la grosse pile de prospectus qui formait un sofa, à force de s’y blottir elle pouvait rester là des heures à attendre que le temps passe, écoutait "l’immeuble" et sa vie.
Les régimes commencent toujours Le lundi
Eva avait décroché le combiné : Claire commença à lui raconter ses vacances en Grèce, elle venait de rentrer
Eva, enveloppée dans un drap de bain turquoise, n'écoutait que d'une oreille, préoccupée par sa silhouette qui se reflétait dans la glace.
L'été arrivait à grands pas et l'essayage des maillots et robes avait été déprimant. Le plan d'urgence devait être déclenché
La bouée était là, disgracieuse, tout autour de sa taille
En vieillissant, c'était pire : les kilos s'installaient de plus en plus vite et pour longtemps
Deux ans auparavant, elle avait envisagé une liposuccion, mais le devis était resté dans un tiroir, elle n'avait pas les moyen
Eva se sentait seule et moc
Elle enfila un jean et un sweat bien ample et fila chez Clo, sa meilleure amie, qui habitait une charmante maison au bord de la me
Eva avait soixante et un ans, Clo un peu moins
Clo assumait ses rondeurs et son mari l'aimait bien comme ça ; mais Eva, qui voulait encore séduire, restait fixée sur ses bourrelets, persuadée qu'elle n'accrocherait pas « l'oiseau rare » avec ces poignées d'amour là.
Maigrir et trouver un Jules friqué, bien sous tous rapports étaient un ambitieux programme.
Clo devrait l'aider.
ZABOU
A mon amie musicienne,
Violette, qui à trente-trois ans, n’avait jamais eu de désir d’enfant, était violoncelliste amateur et se voulait libre de tout engagement (...)
la solitude commençait à lui peser (...) Elle n’avait que son violoncelle dans son étui. Le soir, en rentrant, le frigo était désespérément vide et la boîte de sardines faisait souvent office de dîner ; elle descendait acheter sa tablette de chocolat noir à l’épicerie de nuit, au coin de la rue, mettait ses chaussettes roses à bouclettes, son pyjama polaire et s’écroulait dans le canapé, tirant le plaid en fausse fourrure sur ses épaules.
la solitude commençait à lui peser (...) Elle n’avait que son violoncelle dans son étui. Le soir, en rentrant, le frigo était désespérément vide et la boîte de sardines faisait souvent office de dîner ; elle descendait acheter sa tablette de chocolat noir à l’épicerie de nuit, au coin de la rue, mettait ses chaussettes roses à bouclettes, son pyjama polaire et s’écroulait dans le canapé, tirant le plaid en fausse fourrure sur ses épaules.
Bien souvent, après avoir zappé toutes les chaînes, elle s’endormait là, pour la nuit.(...)
(...) Elle se sentait vraiment seule. Elle avait envisagé un poisson rouge, des oiseaux, une tortue, mais aucun ne l’avait séduite, ce qu’elle voulait, c’était un animal qu’elle pouvait tripoter. Mais pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ?! … un lapin !… Ça ne prend pas de place, ça ne mange pas beaucoup, ça ne fait pas de bruit, c’est doux quand on le caresse ; on peut l’emmener partout… il peut attendre la fin du concert dans le vestiaire… un lapin !
(...) Elle se sentait vraiment seule. Elle avait envisagé un poisson rouge, des oiseaux, une tortue, mais aucun ne l’avait séduite, ce qu’elle voulait, c’était un animal qu’elle pouvait tripoter. Mais pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ?! … un lapin !… Ça ne prend pas de place, ça ne mange pas beaucoup, ça ne fait pas de bruit, c’est doux quand on le caresse ; on peut l’emmener partout… il peut attendre la fin du concert dans le vestiaire… un lapin !
Le crabe de l'anse à l’âne.
En Martinique…
Bien au fond de son trou, le crabe de l’Anse à l’Ane aimait le carême qui commençait, avec l’arrivée des touristes, qui venaient passer leurs vacances sur l’île. Il se régalait des potins des « métros », pendant toute la saison chaude Il en avait entendu des histoires !Il avait assisté à des scènes de ménage, des ébats amoureux, des jeux d’enfants ; pour rien au monde, il n’aurait changé d’endroit. Il se risquait quelquefois en dehors pour admirer les belles endormies, leur pinçait un peu les orteils, juste pour les faire hurler… il rentrait chez lui, content, riait de bon cœur (...)
(...) faisait du troc, ce qui lui permettait de vivre décemment. Il pouvait, une fois par semaine, aller chez Rosy manger des accras et boire un « t’y punch » La serveuse : une pulpeuse langouste très maquillée, lui faisait du gringue et Joseph aimait ça.
(...) faisait du troc, ce qui lui permettait de vivre décemment. Il pouvait, une fois par semaine, aller chez Rosy manger des accras et boire un « t’y punch » La serveuse : une pulpeuse langouste très maquillée, lui faisait du gringue et Joseph aimait ça.
2 commentaires:
Voici quelques jolis textes dans lesquels on se retrouve bien. Surtout les souvenir d'enfance qui font remonter des émotions que nous avons certainement tous ressenties. BRAVO, J’achète.
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